Médicaments à base d’acide nicotinique/ laropiprant : suivi

Comme annoncé dans le communiqué du 8 janvier dernier, l’Agence européenne des médicaments a  réévalué les médicaments contenant de l’acide nicotinique et du laropiprant (en Belgique, TREDAPTIVE). Suite à cette réévaluation, elle  estime qu’il faut  suspendre l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ces médicaments et elle recommande donc aux médecins de ne plus les prescrire  et d’envisager d’autres options pour traiter leurs patients présentant des taux anormalement élevés de graisses (notamment de triglycérides et de cholestérol) dans le sang.

Le Comité pour les médicaments à usage humain (CHMP : Committee for Medicinal Products for Human Use) de L'Agence européenne des médicaments (EMA : European Medicines Agency) confirme la recommandation de suspendre l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments à base d’acide nicotinique / laropiprant, utilisés pour traiter les adultes atteints de dyslipidémie (taux anormalement élevés dans le sang, de graisses telles que les triglycérides et le cholestérol). Cette associations est autorisée et commercialisée sous le nom de TREDAPTIVE en Belgique.  Elle est également autorisée sous les noms de PELZONT et TREVACLYN mais ces deux médicaments ne sont pas commercialisés en Belgique.

La décision du CHMP fait suite à la récente recommandation du Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC : Pharmacovigilance Risk Assessment Committee), de suspendre l’AMM ces médicaments.

Conjointement, la Commission européenne a pris des mesures provisoires pour suspendre l'autorisation de mise sur le marché et la distribution de ces médicaments dans l'Union européenne (UE). Par ailleurs, le titulaire de l'AMM, Merck Sharp & Dohme Ltd, a annoncé qu'il prenait des mesures pour suspendre la mise à disposition de ces médicaments dans l'Union européenne.

Le CHMP encourage les patients qui prennent actuellement ces médicaments à prendre un rendez-vous chez leur médecin afin de discuter de leur traitement. Les médecins ne peuvent plus prescrire les médicaments à base d’acide nicotibique/ laropiprant et ils doivent réévaluer les options de traitement de leurs patients.

La réévaluation des ces médicaments a été initiée en décembre 2012, suite à l’annonce de nouvelles données provenant d'une grande étude à long terme appelée HPS2-THRIVE. Les résultats, encore préliminaires, de l'étude, indiquent que la prise d'acide nicotinique / laropiprant avec une statine ne présente pas de bénéfice supplémentaire significatif dans la réduction du risque d'effets indésirables vasculaires graves tels que la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébral, comparativement au traitement par une statine seule. En outre, il a été observé une fréquence plus élevée d'effets indésirables non fatals mais graves chez des patients prenant un médicament contenant de l’acide nicotinique et du laropiprant.

Après avoir réévalué les résultats de l'étude, le CHMP conclut que les avantages de ces médicaments ne l’emportent plus sur leurs risques, et que leur autorisation de mise sur le marché doit être suspendue.

Vous trouverez plus d'informations sur l'étude HPS2-THRIVE ci-après.

L'avis du CHMP sera à présent transmis à la Commission européenne pour l'adoption d'une décision juridiquement contraignante dans toute l'UE.

Information aux patients

• Tredaptive, Pelzont et Trevaclyn sont des médicaments identiques utilisés pour traiter les adultes atteints de dyslipidémie (taux anormalement élevés dans le sang de graisses telles que les triglycérides et le cholestérol). Ce traitement vise essentiellement à réduire le risque de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et d'autres affections du cœur et des vaisseaux sanguins.

• La recommandation de l’EMA, de suspendre les médicaments Tredaptive, Pelzont ou Trevaclyn fait suite à la réévaluation de nouveaux éléments de preuve qui indiquent que les avantages de ces médicaments ne l’emportent plus sur leurs risques pour les patients.

• Si vous prenez actuellement un médicament contenant de l’acide nicotinique et du laropiprant (TREDAPTVE en Belgique), vous devrez terminer le traitement, car il n’est plus disponible. En Belgique, tous les lots de TREDAPTIVE sur le marché ont été rappelés et les médecins ont reçu un courrier de la firme à ce sujet.

• Vous devez prendre rendez-vous  avec votre médecin pour réévaluer votre traitement.

• Si vous avez des questions, veuillez prendre contact avec votre médecin ou votre pharmacien.

Information aux professionnels de la santé
Les professionnels de la santé doivent suivre les recommandations suivantes :

• Au vu de la balance bénéfices-risques défavorable des médicaments contenant de l’acide nicotinique et du laropiprant (TREDAPTIVE en Belgique),  les médecins ne peuvent plus en prescrire à leurs patients.

• Les médecins doivent revoir leurs patients afin de réévaluer leur traitement et d'arrêter le traitement par ces médicaments qui ne sont plus disponibles. En Belgique, tous les lots de TREDAPTIVE sur le marché ont été rappelés et les médecins ont reçu un courrier de la firme à ce sujet.

• Les pharmaciens doivent renvoyer les patients ayant une nouvelle prescription ou un renouvellement de prescription pour le TREDAPTIVE à leur médecin traitant.

Les recommandations de l'EMA se basent sur les nouvelles données provenant de l'étude HPS2-THRIVE :

• L'étude HPS2-THRIVE est une large étude à long terme impliquant 25.673 patients jugés à haut risque d'effets indésirables cardio-vasculaires en raison d’antécédents de maladie vasculaire occlusive. Parmi ces patients, 14.741 provenaient d'Europe et 10.932 de Chine. Les patients ont été suivis pendant une durée moyenne de 3,9 ans.

• L'étude avait été conçue pour évaluer l'effet de l'addition d'acide nicotinique / laropiprant aux statines, sur base d’un critère combiné d'effets indésirables vasculaires graves comprenant la combinaison de décès d'origine coronarienne, de crise cardiaque non fatale, d’accident vasculaire cérébral et de revascularisation. Les patients avaient été traités par la simvastatine 40 mg ou par la simvastatine 40 mg + ézétimibe 10 mg, afin d'atteindre un taux de cholestérol total inférieur à 3,5 mmol/l, et avaient ensuite été randomisés en groupes ‘acide nicotinique / laropiprant’ ou placebo.

• Le traitement par un médicament contenant de l’acide nicotinique et du  laropiprant associé à une statine n'a pas entraîné une réduction statistiquement significative des accidents vasculaires graves tels que la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébral, comparé à un traitement par statine seule.

• Il a été observé une augmentation de l'incidence d’effets indésirables graves mais non fatals, incluant des saignements (intracrâniens et gastro-intestinaux), une myopathie, des infections et l'apparition d’un diabète.

Étant donné que la prise de Tredaptive, Pelzont et Trevaclyn avec une statine n'a pas montré de bénéfice supplémentaire dans la réduction du risque d’accidents vasculaires graves par rapport à un traitement par statine seule, et compte tenu du risque accru d'effets indésirables graves, le CHMP recommande la suspension de l’autorisation de mise sur le marché de ces médicaments.

Plus d’informations sur le médicament

• Tredaptive, Pelzont et Trevaclyn renferment deux substances actives : l'acide nicotinique (1000 mg) et le laropiprant (20 mg). Ils sont disponibles sous forme de comprimés à libération modifiée (ce qui signifie que les deux substances actives sont libérées à des vitesses différentes en quelques heures).

• Tredaptive, Pelzont et Trevaclyn sont des médicaments identiques autorisés dans l'Union européenne le 3 Juillet 2008 pour le traitement de la dyslipidémie en association avec une statine lorsque le traitement par statine seule n'est pas suffisant, ou en monothérapie chez les patients qui ne peuvent pas prendre de statines. Le médicament est commercialisé par Merck Sharp & Dohme Ltd sous l'une de ces dénominations commerciales dans tous les États membres de l'UE, sauf en Bulgarie, en France et en Roumanie.

• Les deux substances actives, l'acide nicotinique et le laropiprant, ont des fonctions différentes. L'acide nicotinique est une substance naturelle utilisée à faibles doses comme vitamine (connu sous le nom de niacine ou vitamine B3). À des doses plus élevées, il réduit les taux de graisses dans le sang par un mécanisme qui n'est pas entièrement élucidé. Il a d'abord été utilisé comme médicament pour modifier les taux de lipides sanguins dans le milieu des années 1950, mais son utilisation a été limitée en raison de ses effets indésirables, en particulier le ‘flushing’ (= rougeur de la peau). Le laropiprant n'a pas d’effet sur le cholestérol, mais il réduit le ‘flushing’, en bloquant les récepteurs d’une substance appelée la « prostaglandine D2 », qui est libérée lors de la prise de l'acide nicotinique, et qui dilate (élargit) les vaisseaux sanguins de la peau.

Plus d’informations sur la procédure

• La réévaluation de Tredaptive, Pelzont et Trevaclyn a été initiée à la demande de la Commission européenne le 19 décembre 2012, conformément à l’article 20 du Règlement (EC) No 726/2004 en suivant les étapes de la procédure décrite dans l’article 107j et 107k de la Directive 2011/83/EC. La Commission européenne a demandé à l’Agence européenne des médicaments d’évaluer l’impact des nouvelles données de l ’étude HPS2-THRIVE et d’émettre un avis quant au maintien, à la modification, à la suspension ou au retrait de l’autorisation de mise sur le marché de ces médicaments dans l’Union européenne.

• La réévaluation de ces données a d’abord été conduite par le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC : Pharmacovigilance Risk Assessment Committee). Les recommandations du PRAC ont été transmises au Comité pour les médicaments à usage humain (CHMP : Committee for Medicinal Products for Human Use), chargé de toutes les questions concernant les médicaments à usage humain, et qui a adopté l'avis final. Plus d’informations sur la recommandation du PRAC et le contexte de cette réévaluation sont disponibles sur le site internet de l'EMA.

• L'avis du CHMP est à présent transmis à la Commission européenne, qui, le moment venu, rendra une décision finale.

Contact
vig@fagg.be

Dernière mise à jour le 29/01/2013