Antidiabétiques agissant par la voie de l’incrétine glucagon-like peptide-1 (GLP-1) : mise au point

Le comité pour les médicaments à usage humain de l’agence européenne des médicaments a finalisé la réévaluation des médicaments agissant par la voie de l’incrétine GLP-1 utilisés dans le traitement du diabète de type 2. Il estime que les données disponibles ne permettent pas de confirmer les inquiétudes concernant le risque d’effets indésirables au niveau du pancréas associés à cette classe de médicaments qui comprend les incrétinomimétiques et les gliptines commercialisés en Belgique sous les noms d’une part de BYETTA et VICTOZA et d’autre part de GALVUS, JANUVIA, ONGLYZA et TRAJENTA.

L’augmentation des cas de diabète de type 2 est un défi majeur de santé publique.
Les traitements à base de médicaments agissant par la voie de l’hormone incrétine GLP-1 sont des traitements efficaces du diabète de type 2 et s’ajoutent aux options de traitements disponibles. Les médicaments agissant par la voie de l’incrétine GLP-1 regroupe deux classes de médicaments :

- les analogues du glucagon-like-peptide-1 (GLP-1) ou incrétinomimétiques : ceux-ci imitent l’effet de l’hormone incrétine glucagon-like peptide-1 
- les inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (DPP-4)  ou gliptines : la DPP-4 est une enzyme qui inactive l’hormone incrétine GLP-1 ; les inhibiteurs de la DPP-4 diminuent l’activité de cette enzyme ce qui entraîne une augmentation de l’incrétine GLP-1 active.

Ces deux types de médicaments aboutissent par conséquent au même résultat :par des mécanismes différents,  ils renforcent l’effet de l’hormone incrétine GLP-1 qui permet de régulariser le taux de glucose (sucre) dans le sang.

La réévaluation de ces médicaments a été initiée suite à la publication d'une étude menée par un groupe de chercheurs indépendants, suggérant un risque accru de pancréatite (inflammation du pancréas) et de métaplasie pancréatique (transformation du tissu cellulaire) chez les patients atteints de diabète de type 2 et  traités par un médicament agissant par la voie de l’incrétine GLP-1. Les conclusions sont fondées sur l'examen d'un petit nombre d'échantillons de tissu pancréatique provenant de donneurs d'organes qui présentaient ou non un diabète sucré et dont le décès n’était pas imputable au diabète.

Suite à une analyse de cette publication et la consultation d'un groupe d'experts, le CHMP souligne que l'étude elle-même présente un certain nombre de limitations méthodologiques et des sources potentielles de biais (erreurs). Des différences entre les groupes étudiés quant à l'âge, le genre, la durée de la maladie et les traitements sont également constatées. Tout ceci empêche une interprétation significative des résultats.

Le CHMP estime également, après avoir examiné toutes les données non cliniques et cliniques disponibles, qu'il n'y a aucun changement dans les données relatives au risque d’effets indésirables au niveau du pancréas liés à l'utilisation des médicament agissant par la voie de l’incrétine GLP-1.

Un petit nombre de cas de pancréatite ont été signalés dans les essais cliniques. De plus, via les rapports spontanés, un nombre significatif de cas ont été signalés mais ceux-ci doivent être interprétés avec prudence. Des mises en garde figurent déjà dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et la notice de tous les médicaments concernés mais le CHMP considère qu'il serait important d’harmoniser le libellé de ces avertissements pour tous les médicaments agissant par la voie de l’incrétine GLP-1 afin que les patients et les professionnels de la santé reçoivent des conseils pertinents.

En ce qui concerne le cancer du pancréas, les données issues des essais cliniques n'indiquent pas d’augmentation du risque lié aux médicaments visés. Toutefois, le nombre d'événements est trop faible pour tirer des conclusions définitives. En raison de leur mécanisme d'action (stimulation des cellules bêta et suppression de la fonction des cellules alpha) certaines incertitudes subsistent en ce qui concerne l'effet à long terme de ces médicaments sur le pancréas. La collecte de données supplémentaires est en cours.

Les titulaires des autorisations de mise sur le marché (AMM) des médicaments agissant par la voie de l’incrétine GLP-1 surveillent étroitement leurs effets indésirables, notamment ceux qui concernent le pancréas. Ils communiquent régulièrement leurs rapports à l’EMA pour évaluation. Plusieurs études sont prévues ou sont en cours, y compris des études qui reprennent une grande quantité de données. Elles permettront de mieux comprendre la problématique et de quantifier les risques associés à ces médicaments, notamment l'apparition de pancréatite et de cancer du pancréas. L’intérêt potentiel d’entreprendre des études supplémentaires sera également examiné.
Les titulaires des AMM adapteront en conséquence les plans de gestion des risques pour ces médicaments.

En outre, deux grandes études indépendantes sont en cours depuis 2011 pour évaluer le profil de risque des traitements du diabète en général, et plus particulièrement leur profil de risque en ce qui concerne le pancréas. Les premiers résultats de ces études, qui sont financés par la Commission européenne, sont attendus au printemps 2014. Dans l'intervalle, l'EMA continue de surveiller étroitement et d'évaluer toutes les informations qui sont disponibles sur ces médicaments pour s'assurer que leur balance bénéfices / risques reste positive.

Notes
1. Le présent communiqué de presse, ainsi que tous les documents connexes sont disponibles sur le site internet de l'EMA.

2. Les médicaments agissant par la voie de l’incrétine GLP 1 comprennent :
• les analogues du GLP1 ou incrétinomimétiques : ils sont autorisés en Belgique sous les noms de Byetta et Victoza.
• les inhibiteurs de la DPP-4 ou gliptines : ils sont autorisés et commercialisés en Belgique sous les noms de Galvus, Januvia, Onglyza et Trajenta.

3. L'étude est référencée comme suit : Butler et al, Marked Expansion of Exocrine and Endocrine Pancreas With Incretin Therapy in Humans With Increased Exocrine Pancreas Dysplasia and the Potential for Glucagon-Producing Neuroendocrine Tumors; Diabetes. 2013 Jul; 62(7):2595-604

4. La réévaluation a été effectuée en vertu de l'Article 5, paragraphe 3, du règlement (CE) 726/2004.

5. Plus d'informations sur les travaux de l’EMA se trouvent sur son site internet :  www.ema.europa.eu 

Contact : vig@afmps.be 

Dernière mise à jour le 09/08/2013