Dronedarone (MULTAQ) : restriction de l’utilisation

Le Comité pour les médicaments à usage humain de l’Agence européenne des médicaments, préoccupé par les résultats de l’étude PALLAS qui a mis en évidence des effets indésirables cardiovasculaires graves suite à l’administration de dronédarone (MULTAQ), a examiné toutes les données disponibles actuellement relatives à ce médicament anti-arythmique (autorisé mais pas encore commercialisé en Belgique) et a réévalué sa balance bénéfices/risques. Il estime qu’elle reste positive chez certains patients et recommande des mesures complémentaires de minimisation des risques d’effets indésirables hépatiques, pulmonaires et cardiovasculaires.

Le Comité pour les médicaments à usage humain (CHMP= Committee for medicinal products for human use) de l’Agence européenne des médicaments (EMA = European Medcines Agency) recommande de restreindre l'utilisation du Multaq. Ce médicament anti-arythmique ne peut être prescrit que pour rétablir le rythme cardiaque chez les patients atteints de fibrillation auriculaire paroxystique ou persistante dans le but de maintenir le rythme sinusal après une cardioversion réussie. En raison d'un risque accru d’effets indésirables hépatiques, pulmonaires et cardiovasculaires, le Multaq ne peut être prescrit qu’après avoir pris en considération d’autres alternatives thérapeutiques. Le CHMP recommande également un certain nombre de mesures complémentaires de minimisation des risques d’effets indésirables hépatiques, pulmonaires et cardiovasculaires.

Il est recommandé aux patients qui prennent actuellement le Multaq de veiller à ce que leur médecin réévalue leur traitement lors leur prochaine visite de routine.

Le Multaq (contenant de la dronédarone) est un médicament anti-arythmique. Il a été autorisé en 2009 pour une utilisation chez les adultes qui ont présenté une fibrillation auriculaire dans le passé, ou chez les adultes qui présentent actuellement une fibrillation auriculaire non permanente.

La réévaluation de la balance bénéfices/ risques globale du Multaq a été initiée en janvier 2011, suite à des notifications de cas de lésions hépatiques graves chez des patients traités par ce médicament. Durant la réévaluation, le CHMP a été informé de l’interruption prématurée d'un essai clinique, l'étude PALLAS, en raison de l'apparition, chez les patients prenant le médicament, d’effets indésirables cardiovasculaires graves tels que des décès d’origine cardiovasculaire, des accidents vasculaires cérébraux et des hospitalisations pour évènements cardiovasculaires.

L'étude PALLAS a été menée pour investiguer l’utilisation du Multaq comparé au placebo chez les patients de plus de 65 ans souffrant de fibrillation auriculaire permanente et présentant plusieurs facteurs de risque. Bien que le Multaq n'ait pas été approuvé pour cette population de patients, le CHMP, préoccupé par les résultats de l'étude Pallas, avait étendu sa réévaluation à l’analyse des données de sécurité cardiovasculaire du médicament ainsi qu’à d'autres données rendues disponibles sur le risque d’atteinte pulmonaire.

Sur la base de l'évaluation des données actuellement disponibles, le CHMP est arrivé à la conclusion qu'il existe, avec le Multaq, un risque accru de lésions hépatiques et pulmonaires lorsqu'il est utilisé conformément au Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) approuvé actuellement. Le CHMP considère également que les événements cardiovasculaires observés dans la population de l'étude PALLAS pourraient signifier un risque accru d'effets indésirables cardiovasculaires pour certains patients atteints de fibrillation auriculaire non permanente. Toutefois, le CHMP considère que la mise à disposition d'une gamme de traitements pour une affection aussi difficile à traiter que la fibrillation auriculaire est importante, et que pour certains patients atteints de fibrillation auriculaire non permanente, le Multaq reste une option thérapeutique utile. Le CHMP est donc d'avis que les avantages de Multaq l’emportent sur les risques chez ces patients, à condition que de nouvelles adaptations soient apportées au Résumé des Caractéristiques du Produit à l’attention des prescripteurs et à la notice pour le public, de manière à minimiser les risques d’effets indésirables hépatiques, pulmonaires et cardiovasculaires.

Ces adaptations incluent notamment ce qui suit :
• Le traitement par le Multaq doit être limité aux patients atteints de fibrillation auriculaire paroxystique ou persistante après rétablissement du rythme sinusal. Il n'est désormais plus indiqué pour une utilisation chez les patients présentant toujours une fibrillation auriculaire.
• Le traitement par le Multaq ne peut être entrepris et surveillé que par un spécialiste, et ce après qu’il ait pris en considération les autres médicaments anti-arythmiques.
• Le Multaq ne peut pas être utilisé chez les patients atteints de fibrillation auriculaire permanente, d’insuffisance cardiaque ou de dysfonction systolique ventriculaire gauche (insuffisance du côté gauche du cœur).
• Les médecins doivent envisager l'arrêt du traitement en cas de réapparition d’une fibrillation auriculaire.
• Le Multaq ne peut pas être utilisé chez les patients ayant précédemment souffert de lésions hépatiques ou pulmonaires suite à un traitement par l'amiodarone, un autre médicament anti-arythmique.
• La fonction pulmonaire et hépatique ainsi que le rythme cardiaque des patients sous Multaq doivent être régulièrement surveillés. En particulier, la fonction hépatique doit être étroitement contrôlée pendant les premières semaines de traitement.

L'avis du CHMP a été transmis à la Commission européenne pour l'adoption d'une décision.

Notes
1. Ce communiqué de presse, ainsi que tous les documents qui y sont associés, sont disponibles sur le site internet de l'EMA.

2. Multaq est autorisé dans l'Union européenne depuis le 26 novembre 2009, et il est commercialisé en Autriche, à Chypre, en République tchèque, au Danemark, en Estonie, en Finlande, en France, en Allemagne, en Irlande, en Italie, en Lituanie, à Malte, en Pologne, en Slovaquie, en Slovénie, en Espagne, en Suède et au Royaume-Uni, ainsi qu'en Islande et en Norvège.

3. Durant la réévaluation, le CHMP a également reçu les conseils du groupe consultatif scientifique chargé des questions dans le domaine cardiovasculaire. Ce groupe comprend des experts dans le domaine du traitement des maladies cardiovasculaires ainsi que des représentants des patients. Plus d'informations sont disponibles sur le site internet.

4. Plus d'informations sur les travaux de l'Agence européenne des médicaments sont disponibles sur son site internet : www.ema.europa.eu


 

Dernière mise à jour le 18/01/2013