Pioglitazone (ACTOS) : nouvelles contre-indications et mises en garde

L’Agence européenne des médicaments (EMA) recommande de nouvelles précautions, mises en garde et contre-indications liées à l’utilisation de la pioglitazone, afin de réduire le risque légèrement accru d’apparition d’un cancer de la vessie suite à l’administration de ce médicament commercialisé en Belgique sous le nom d’ACTOS. Sa balance bénéfices/ risques reste positive pour certains patients souffrant d’un diabète de type 2.

Pour finaliser la révision des médicaments antidiabétiques contenant de la pioglitazone et l’évaluation de la survenue du cancer de la vessie, le Comité des Médicaments à Usage Humain (CHMP = Committee for Medicinal Products for Human Use) de l'Agence européenne des médicaments (EMA = European Medicines Agency) confirme que ces médicaments restent une option thérapeutique valable chez certains patients diabétiques de type 2, mais qu'il y a un risque légèrement accru de cancer de la vessie chez les patients traités par ces médicaments. Toutefois, le CHMP a également conclu que ce risque légèrement accru pourrait être réduit par une sélection/ exclusion appropriée des patients, ainsi que par l’obligation d'évaluer périodiquement l'efficacité et l'innocuité du traitement pour chaque patient.

Il est recommandé aux prescripteurs de ne pas utiliser la pioglitazone chez les patients actuellement atteints ou ayant des antécédents de cancer de la vessie, ou chez les patients présentant une hématurie macroscopique n’ayant fait l’objet d'aucune investigation. Les facteurs de risque de cancer de la vessie doivent être évalués avant de commencer un traitement par la pioglitazone. Au regard des risques liés à l'âge, la balance bénéfices-risques doit être évaluée attentivement aussi bien avant le début du traitement que durant celui-ci chez les personnes âgées. Les prescripteurs doivent réévaluer le traitement des patients sous pioglitazone après trois à six mois (puis régulièrement par la suite) afin de s'assurer que seuls les patients en retirant un avantage suffisant continuent le traitement.

Le CHMP a examiné toutes les données disponibles sur la survenue du cancer de la vessie, y compris les résultats des études précliniques, des études cliniques, des études épidémiologiques et des rapports spontanés. Le CHMP a également examiné l'avis de son groupe consultatif scientifique sur le diabète / l'endocrinologie (dit ‘SAG’ pour Scientific Advisory Group).

Le CHMP a conclu que les données provenant de différentes sources montrent qu'il y a un risque légèrement accru de cancer de la vessie avec la pioglitazone. Des données disponibles récentes provenant d'études épidémiologiques (la « Kaiser Permanente Northern California cohort study », l’étude de cohorte française « CNAMTS », l’étude cas-témoins « GPRD ») indiquent une légère augmentation du risque (risque relatif allant de 1,12 à 1,33) de cancer de la vessie chez les patients diabétiques traités par la pioglitazone, en particulier chez les patients ayant été traités le plus longtemps par le médicament, et à la dose cumulative la plus élevée.

En outre, dans une méta-analyse d'études cliniques contrôlées randomisées, 19 patients sur 12.506 sous pioglitazone ont présenté un cancer de la vessie (0,15%), contre 7 patients sur 10.212 ne prenant pas la pioglitazone (0,07%). Un risque possible après un traitement à court terme ne peut être exclu.

Conformément aux recommandations du SAG, le CHMP a conclu qu’il existe des patients qui ne peuvent pas être adéquatement traités par d'autres traitements et qui retireront un bénéfice d'un traitement par la pioglitazone. Le CHMP est d’avis qu'il n'est pas possible de restreindre davantage les indications actuelles de la pioglitazone. Au lieu de cela, il est recommandé aux prescripteurs de sélectionner soigneusement les patients et de surveiller leur réponse au traitement. Le CHMP conclut que les bénéfices l'emportent sur les risques chez les patients répondant au traitement.

Le CHMP est également d’avis qu'il est nécessaire de procéder à une analyse plus approfondie du type, de l'évolution et de la gravité des cas de cancer vésical chez les patients traités par la pioglitazone, en comparaison avec les patients diabétiques non traités par la pioglitazone. Il reste difficile de savoir s’il s’agit d'un effet précoce ou d’un risque lié à une utilisation prolongée / à des doses cumulatives élevées. Par conséquent, le CHMP a demandé au titulaire de l'autorisation de mise sur le marché de mener une étude épidémiologique pan-européenne qui se concentre sur une caractérisation plus solide du risque, en particulier sur la période de risque ainsi que sur l’influence de l’âge sur le risque, de manière à apporter des informations qui corroborent les mesures de minimalisation des risques.

Notes
1. Le communiqué de presse, ainsi que tous les documents qui y sont associés, sont disponibles sur le site internet de l'EMA.

2. La réévaluation européenne des médicaments autorisés par la procédure centralisée contenant de la pioglitazone Actos, Glustin, Competact, Glubrava et Tandemact et de leur impact sur la survenue du cancer de la vessie est menée dans le cadre d'une révision officielle, initiée à la demande de la Commission européenne en vertu de l'article 20 du règlement (CE) n ° 726/2004, le 16 Mars 2011. Le seul médicament contenant de la pioglitazone commercialisé en Belgique est l’Actos.

3. Une décision de la Commission européenne relative à cet avis sera publiée en temps opportun.

4. Actos et Glustin ont été autorisés dans l'Union européenne en octobre 2000, Competact en juillet 2006, Tandemact en janvier 2007 et Glubrava en décembre 2007. Ces médicaments sont commercialisés par Takeda. Plus d'informations concernant ces médicaments sont disponibles dans les Rapports Publics Européens d'Evaluation (EPAR = European Public Assessment Report) publiés sur le site de l’EMA.

5. Les communiqués de presse de l’EMA datant du 9 et du 23 juin 2011 sont disponibles sur son site internet. L’AFMPS a également publié des communiqués à ce sujet les 14 et 27 juin 2011.

6. Plus d'informations sur les travaux de l'EMA sont disponibles sur son site internet.

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vig@afmps.be

Dernière mise à jour le 21/01/2013