Somnifères : une enquête de l’AFMPS montre que plus d’un tiers des patients présentent une dépendance et que la majorité d’entre eux utilisent des somnifères pendant trop longtemps

Date: 21/06/2022

Plus de huit cent patients ont participé à une enquête en ligne de l’AFMPS sur la consommation de benzodiazépines et de médicaments apparentés utilisés dans le cadre des troubles du sommeil. L’enquête montre que la plupart des patients consomment ces médicaments pendant trop longtemps. Plus d’un patient sur trois montre des signes de dépendance psychologique. 

L’enquête a récolté les données de consommation de benzodiazépines et de médicaments apparentés chez les patients adultes ne séjournant pas dans un hôpital, une maison de repos et de soins ... L’objectif était d’identifier l’utilisation incorrecte/abusive, d’examiner le niveau de dépendance subjective et de savoir si les patients ont tenté des alternatives pour traiter leur insomnie. L’enquête s’est déroulée entre février et mai 2020. Après publication des résultats provisoires, vous pouvez à présent consulter l’entièreté du rapport.

Quels sont les principaux résultats ?

  • Un degré élevé de mauvaise utilisation a été signalé, à savoir la durée d’utilisation. En effet, la plupart des patients consomment des somnifères depuis plus d’un an. Tandis qu’une minorité seulement de patients prend une dose supérieure à celle recommandée. 
  • Plus d’un patient sur trois a montré des signes de dépendance psychologique. 
  • La plupart des patients ont essayé par le passé d’arrêter leur traitement. En outre, la majorité des participants à l’enquête souhaitaient pouvoir arrêter leur traitement et près de la moitié trouverait très difficile, voire impossible de l’arrêter. 
  • Outre les benzodiazépines et les médicaments apparentés, la majorité des patients ont essayé d’autres méthodes de traitement de l’insomnie. Les traitements alternatifs les plus fréquemment signalés étaient les suivants : compléments alimentaires, homéopathie et/ou phytothérapie. 
  • Le zolpidem est le somnifère le plus fréquemment utilisé par les patients, suivi du lormétazépam. 

Qu’est-ce que cela signifie ?
Si les résultats de cette enquête ne peuvent pas être extrapolés à l’ensemble des patients, ils indiquent quelques points d’attention clairs. L’enquête montre en effet que les recommandations sur la durée de traitement ne sont suivies ni par les patients, ni par les professionnels de la santé qui continuent à prescrire ces médicaments sur le long terme. Pourtant, un usage chronique est déconseillé en raison du risque accru de tolérance, de dépendance et d’abus. 

De plus, les résultats sont conformes aux observations d’autres pays sur la tendance à prescrire les « z-drugs » (en particulier le zolpidem) à la place des benzodiazépines. Différentes études ont montré que de nombreux professionnels de la santé perçoivent toujours les « z-drugs » comme plus efficaces et plus sûrs que les benzodiazépines. Cependant, il n’y a pas, à ce jour, de preuves convaincantes que ces produits provoquent moins d’effets indésirables ou de dépendance.

L’AFMPS rappelle que les benzodiazépines et les « z-drugs » peuvent induire, entre autres, des troubles du système nerveux (somnolence, amnésie antérograde …), des troubles psychiatriques (comportement anormal, hallucinations, somnambulisme …) et augmenter les risques de chute chez les personnes âgées.

Comment prévenir les abus et les dépendances ?
L’AFMPS encourage les professionnels de la santé à discuter de ces risques avec leurs patients avant de prescrire un tel somnifère. L’AFMPS conseille également de prévoir une consultation de suivi après une semaine d’utilisation pour discuter avec le patient de l’efficacité du traitement et des effets indésirables éventuels.

En prescrivant des boîtes de benzodiazépines, ou médicaments apparentés, plus petites (moins de trente comprimés), les professionnels de la santé encouragent également les patients à consulter à nouveau s’ils ressentent le besoin de poursuivre leur traitement.

L’AFMPS rappelle qu’un manuel d’aide en ligne a été développé en 2018 dans le cadre de la campagne « Somnifères & calmants, pensez d’abord aux autres solutions », coordonnée par le SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement. Ce manuel d’aide a pour but d’aider les médecins et les pharmaciens à mieux prendre en charge les patients qui se plaignent de troubles du sommeil.

Les professionnels de la santé peuvent également se référer à la ligne directrice evidence based « Prise en charge des problèmes de sommeil et de l’insomnie chez l’adulte en première ligne » et à la Fiche de Transparence de la prise en charge de l’insomnie.

Il faudrait envisager de diminuer progressivement la prescription de somnifères chez tous les utilisateurs chroniques, surtout s’ils ont 65 ans et plus. L’enquête a montré que la plupart des patients sont favorables à l’arrêt du traitement. Le manuel d’aide fournit des outils pour aider les patients à cesser progressivement leur traitement.

Enfin, l’AFMPS rappelle également que la réglementation en matière de pharmacovigilance encourage la déclaration des cas d’abus et de dépendance aux médicaments. La définition de la notion d’effet indésirable a été élargie pour inclure aussi les réactions nocives et non intentionnelles résultant de l’utilisation d’un médicament en dehors des conditions de l’autorisation de mise sur le marché, par exemple à la suite d’une utilisation abusive.
 

 

Dernière mise à jour le 21/06/2022